Nous avons parcouru
une bonne centaine de milles depuis la sortie du Isafjord.
Globicéphales, dauphins et fulmars à gogo. La température de l’eau
passe de 10 degrés à environ 2 degrés: on touche le courant
arctique. Brume épaisse, on avance au radar. Après un beau bord de
travers, la nuit se finit au moteur.
Le 21 juillet, nous
observons les premiers icebergs, littéralement des montagnes de
glace, observés à 100 milles des côtes Groenlandaises. Il sont entourés de brume, ce qui renforce leur coté mystérieux. Quelques
pêcheurs aussi. Plus plus rien jusqu’à 40 milles des côtes, où
se succèdent icebergs et growlers. Le radar, réglé finement,
s’avère bien utile pour repérer ces derniers.
À l’approche des
cotes, vue magnifique sur la chaîne de montagne au Nord
d’Angmagssalik depuis le large. Reste la bande de glace à passer
et on y sera…
L’approche dans la
glace assez délicate, mais surtout très impressionnante. Cela
commence par une densité d’icebergs et growlers qui augmente. Puis
arrive un moment où il ne suffit plus de modifier le cap du pilote
par coups de +/-10 deg, mais où il faut être en permanence la barre
et trouver son chemin dans la glace. La stratégie générale
(contourner le cap Dan par le Sud) est donnée par les photos satellites et récentes cartes des glaces que l’on nous décrit par
SMS (les télécharger par iridium est infaisable car le débit est
trop faible). La tactique exacte, elle, dépend elle des observations in
situ.
Debout sur le rouf, la bôme, ou assis dans le mat, on cherche de potentiels chenaux. Une densité de glace
“gérable” ne dépasse pas les 30%. À 20%, on a déjà un petit
sentiment de claustrophobie, imaginez vous en train de manœuvrer
dans un port bondé... On se demande combien de temps tout cela va
durer, car il est impératif que les conditions météo restent
bonnes pendant le passage de la glace: peu de vent (pour éviter les
mouvement des growlers) et bonne visibilité.
La coque alu
encaisse les chocs avec la glace. Le bruit sourd qui en résulte nous parait d’abord impressionnant, mais il deviendra
routinier, et, à la fin du voyage, il faut l’avouer, presque
addictif.
La glace est dense. Nous nous faufilons
entre deux beaux growlers. Passage chaud avec juste la place pour
laisser passer le bateau. Concentrés sur le passage, c’est au
dernier moment que l’on repère un phoque qui se prélasse sur l’un
des deux growlers. Nous passons à 10m de lui, sans que cela ne
déclenche autre réaction de sa part que de nous suivre calmement du
regard. Vision surréaliste qui déclenche l'hilarité générale du bord... surtout que la
fatigue commence à se faire sentir. On est au petit matin après une nuit stressante et sans sommeil.
La glace est passée.
On est le second voilier à arriver au Groenland Est cet année. Le
premier étant skippé par un équipage professionnel Islandais. Pas
peu fiers!
Une baleine à bosse apparaît trois fois puis sonde queue en l’air à 50m du bateau.
Majestueux. Bienvenue au Groenland.
1 commentaire:
Bonjour et bravo pour cette navigation sur la côte est du Groenland souvent plus difficile que sur la côte ouest à cause de la glace et des courants. Y-êtes vous retourné depuis ?
Enregistrer un commentaire